C’est un chantier emblématique du Kirchberg qui remonte loin…
En 2009, la Commission européenne et l’État luxembourgeois signent un mémorandum d’accord pour la construction du nouveau bâtiment Jean Monnet 2, un nouveau complexe administratif destiné à remplacer le bâtiment Jean Monnet. Ils clôturent ainsi des discussions lancées en 2002 afin de définir les modalités futures d’hébergement des services de la Commission européenne.
À l’époque, il était prévu que le bâtiment sorte de terre à l’horizon 2015. Le tout pour 526,3 millions d’euros. Le Luxembourg s’engageait à mettre à disposition et à vendre à la Commission au prix symbolique d’un euro les terrains destinés à l’implantation de l’immeuble et à assurer la construction et le préfinancement du projet afin de le mettre à la disposition de la Commission, clés en main. Commission qui remboursera alors le Luxembourg. Le coût avait été adapté à la hausse, à 641,5 millions d’euros, dans la loi du 6 décembre 2016 relative à la construction du bâtiment.
Le premier coup de pelle a été donné le 4 juin 2018 et une mise en service était alors prévue courant 2024. La fin des travaux est maintenant programmée pour fin 2025.
Une rallonge de 351 millions
En attendant, la facture s’est lourdement alourdie au point que la ministre des Travaux publics, (DP), a dû déposer, le 21 juin, le projet de loi 8402 relatif à l’adaptation du projet de construction du bâtiment Jean Monnet 2 de la Commission européenne à Luxembourg-Kirchberg. Projet qui offre une rallonge de 351 millions «maximum». Un projet validé ce 22 octobre par le Conseil d’État. «Cette adaptation est devenue nécessaire à la suite de modifications du programme de construction, de certains dépassements constatés lors des soumissions ainsi que de prolongations de délais» détaille le projet.
Dans le détail, 43,2 millions sont justifiés par l’adaptation du programme, 147,8 millions pour faire face aux aléas du chantier et 109 millions par la prolongation des délais. Soit 300 millions auxquels il convient d’ajouter 51 millions au titre de la TVA à 17%.
Une cascade d’aléas
Dans le détail, le projet a donné lieu à de multiples adaptations: un nouveau concept de sécurité en 2017; l’ajout d’un bâtiment d’accueil; la transformation du data center en parking et des espaces de travail repensés pour citer les principaux
Les aléas de chantier ont été nombreux. Le projet de loi les détaille: dépassement des devis par rapport aux devis de soumission à cause de la croissance «extraordinaire» de l’indice semestriel des prix de la construction – les prix ont dû être ajustés jusqu’à +25% –; l’augmentation des indices des prix à la consommation (+18,87%) et, «surtout», des études et dossiers de soumission incomplets de la maîtrise d’œuvre qui ont entraîné «la rémunération de prestations non prévues respectivement décrites de façon imprécise dans les dossiers de soumission». L’augmentation de 43,4% de l’indice semestriel des prix de la construction entre 2018 à 2023 a alourdi cette facture.
La prolongation des délais est la résultante de la crise Covid et des suites de l’agression russe en Ukraine. Non contents de faire augmenter les coûts, ces deux événements conjugués ont provoqué des retards dans la livraison des matériaux, ce qui a aussi pesé sur les coûts. Le projet de loi 8402 relève également que «certaines prolongations de délais sont causées par des prestations insuffisantes des bureaux d’études chargés du projet». Depuis le concours international d’architecture réalisé en 2010, le bureau d’études technique a été remplacé à deux reprises «suite à des difficultés rencontrées en phase de réalisation des prestations respectives».