En 2022, les dividendes ont affiché une croissance de 8,4%. Dans le même temps, le FMI a estimé la croissance mondiale à 3,4%. (Photo: Shutterstock)

En 2022, les dividendes ont affiché une croissance de 8,4%. Dans le même temps, le FMI a estimé la croissance mondiale à 3,4%. (Photo: Shutterstock)

En 2022, 1.560 milliards de dollars (1.475 milliards d’euros) ont été reversés aux actionnaires selon la société de gestion Janus Henderson qui publie son Global Dividend Index. Une croissance de 8,4% portée par les sociétés financières et les producteurs de pétrole et de gaz.

Les années se suivent et se ressemblent pour les actionnaires. Après une année 2021 «historique» à cause du rebond de l’activité économique après la crise sanitaire; 2022 bat un nouveau record en termes de distribution de dividendes. La croissance des dividendes sur un an s’élève à 8,4%. Après correction des effets de change et de la baisse des dividendes extraordinaires, la croissance sous-jacente atteint 14%.

Non seulement l’épisode de la crise sanitaire semble clos, mais les effets de la guerre en Ukraine – qui impacte directement l’économie et le pouvoir d’achat des ménages – profitent directement aux actionnaires.

En effet, la progression de 8,4% des dividendes est due pour moitié aux sociétés financières – qui ont profité de la remontée des taux banques centrales qui luttent contre une inflation due à la guerre. Remontée qui impacte directement leurs marges d’intérêts – et aux sociétés productrices de gaz et de pétrole.

À cause de la flambée des prix de l’énergie qui a gonflé leurs bénéfices, ces sociétés ont augmenté leurs distributions de plus de 66%, sous forme de dividendes ordinaires ou extraordinaires, détaille Janus Henderson.

Pétrole, luxe et volupté

En général, 88% des 1.200 entreprises considérées dans l’indice Global Dividend – soit les plus grosses capitalisations mondiales – ont augmenté leurs bénéfices.

Le géant minier anglo-australien BHP est sur la première marche du podium, suivi par le pétrolier brésilien Petrobras puis Microsoft, première entreprise américaine dans le top 10 qui en compte 7.

Douze pays ont enregistré des distributions record en dollars, dont les États-Unis (574,2 milliards de dollars), le Brésil (33,8 milliards) ou la Chine (49,7 milliards). Les marchés émergents, l’Asie-Pacifique hors Japon et l’Europe ont observé une hausse des dividendes d’environ 20%. La France enregistre également un record avec des versements de 59,8 milliards d’euros, surpassant de 4,6% le record de 2019. «La croissance du total français est notamment due aux hausses impressionnantes enregistrées par les entreprises du secteur du luxe et de l’automobile.» Les entreprises françaises sont celles ayant le plus contribué à la croissance des dividendes européens: elles représentent près d’un tiers de l’augmentation annuelle.

La barre des 1.600 milliards de dollars en vue en 2023

Pour 2023, face à l’inflation persistante et à une croissance économique qui «montre déjà des signes de ralentissement», Janus Henderson s’attend à un ralentissement de la progression des bénéfices. Mais même avec une croissance de 2,3% «seulement», la barre des 1.600 milliards de dividendes sera atteinte et dépassée.

En 2023, les débats sur la taxation des superprofits exceptionnels ainsi que sur le partage de la valeur avec les salariés auront du carburant. La taxation des rachats d’action – une autre façon de distribuer les fruits de la croissance aux actionnaires – est un sujet qui devient à l’ordre du jour et qui est ouvertement évoqué par l’Administration Biden. Chevron et Exxon ont ainsi assorti leurs dividendes de rachats d’actions record.

Sans parler de débat sur les profiteurs de guerre qui devrait logiquement faire son apparition lorsque la facture de la crise ukrainienne sera présentée.