«Après Thionville, tu vas appeler l’ACL, car tu seras en panne d’électricité», lance-t-on à Claudine début juillet lorsqu’elle évoque l’idée de rejoindre sa maison de vacances dans le sud de la France, à plus de 1.000km de son domicile luxembourgeois, en Fiat 500 électrique.
L’autonomie d’environ 260km de la petite voiture italienne ne la prédispose pas à avaler les kilomètres sur l’autoroute du Soleil. Claudine le sait pertinemment, mais elle est décidée à profiter de sa petite voiture, nommée Tony, qu’elle vient d’acquérir. Elle veut surtout démontrer à son mari, un brin moqueur, que traverser la France en voiture électrique, c’est possible avec un peu de préparation.
«C’était un peu frustrant de recevoir cette voiture quelques jours avant de partir en vacances pour la laisser un mois au garage. C’est comme recevoir un cadeau puis ne pas pouvoir y toucher. À l’idée de prendre la route avec la Fiat 500 pour rejoindre le sud de la France, mon mari a commencé à rire, le vendeur également. J’ai pris ça comme un défi», explique Claudine qui habite dans le nord du Luxembourg et qui est enseignante en hôtellerie. Le choix de cette petite citadine électrique avait été fait pour réaliser les courts déplacements du quotidien.
Se renseigner auprès d’amis et de l’ACL
Avant de prendre la route avec Alix, sa fille de 13 ans, Claudine s’est renseignée sur les bonnes pratiques à avoir. «. J’y suis passée pour demander s’il était préférable d’emprunter les routes nationales ou les autoroutes avec une voiture électrique, en plus de quelques autres conseils. Visiblement, pour la récupération d’énergie, il vaut mieux les routes secondaires, mais j’ai quand même opté pour l’autoroute en raison des infrastructures plus développées, avec des aires de repos et davantage de bornes de recharge. En cas d’imprévu, je n’avais pas trop envie de me retrouver au fin fond de la campagne française. J’aime bien le risque, mais il faut qu’il soit maîtrisé», sourit Claudine qui prend aussi conseil auprès d’un ami qui a fait le choix de la motorisation électrique voici deux ans. «Je voulais être renseignée sur les cartes pour payer aux bornes de recharge et sur les applications à utiliser comme ABRP (pour , ndlr) – qui calcule le trajet par rapport à la localisation des bornes de recharge – ou encore , pour trouver une borne à proximité», dit Claudine, finalement prête à se lancer malgré quelques interrogations. Par exemple, elle ne sait pas si, en chemin, elle pourra connecter sa Fiat à une borne rapide de la marque Tesla, qui commence à s’ouvrir aux autres marques automobiles.
Première étape difficile
Avec 271km d’autonomie au départ d’Erpeldange-sur-Sûre, Claudine et Alix prennent la route des vacances. En parallèle, le mari de Claudine et leur fille cadette partent, deux heures plus tard, avec l’autre voiture de la famille, une BMW diesel. Après avoir avalé 175,6km pour une consommation moyenne de 14,1kWh, mère et fille envisagent une première recharge sur l’aire de repos de Toul. Mauvaise surprise, la borne est hors service. «On regarde sur l’application où trouver une borne à proximité en se disant qu’à Toul, il doit y avoir des sites de recharge. Impossible de les trouver! Après une heure de recherche, on déniche une borne sur le parking d’un McDonald’s. La charge est gratuite, mais en branchant la voiture, elle indique… qu’il faut 27h pour une recharge complète», soupire Claudine. À ce moment, elle commence vraiment à douter de pouvoir arriver à bon port.
Claudine et Alix hésitent. Le reste de la famille les rejoint provisoirement. Deux heures plus tard, Claudine décide de rebrousser chemin, de quelques kilomètres seulement. Jusqu’à Laxou où la Fiat 500 est connectée à un Supercharger Tesla. «La bonne surprise de la journée! Le Supercharger Tesla fonctionne et c’est d’une simplicité déconcertante. En 28 minutes, la batterie est chargée à 80%.» Tout comme le moral des deux ‘aventurières’, regonflé à bloc. «Dès le début, on aurait dû se fier à l’application et opter pour les bornes Tesla. Bref, il ne faut pas vouloir être plus malin que l’application», s’amuse Claudine.
On arrive sur une aire d’autoroute avec 7 bornes Ionity. Mais il y avait des dizaines de voitures électriques qui attendaient pour une place.
Des bornes prises d’assaut
Après ce premier plein électrique (pour environ 17 euros), Claudine et Alix reprennent la route en planifiant un arrêt sur l’aire de repos de Langres-Perrogney, soit 150km plus loin. Nouvelle épreuve. «On arrive sur une aire d’autoroute avec 7 bornes Ionity (fournisseur avec un réseau de plus de 400 bornes en Europe, ndlr), mais il y avait des dizaines de voitures électriques qui attendaient pour une place. Et le ton est parfois un peu monté. Après 1h30 d’attente, on accède à une borne… mais impossible de la faire fonctionner. Heureusement, la helpline d’Ionity a été réactive et a rapidement débloqué la situation sans nous faire payer la recharge de 35 minutes pour atteindre 90% de notre autonomie.»
160km plus loin, nouvel arrêt pour pour un Supercharger Tesla, à Tournus. Et 35 minutes pour atteindre 90% d’autonomie (220 kilomètres), le tout pour 14,96 euros. Mère et fille reprennent la route jusqu’à Sainte-Colombe et passent la nuit dans une maison d’hôte nommée La Glycine.
«À mi-chemin, on a bien compris l’importance de planifier les longs trajets avec une voiture électrique. Cela force à voyager autrement. Au niveau de la conduite, c’est aussi très différent. Avec un mercure à 37°C, nous n’avons pas économisé sur la climatisation. Mais j’ai fait attention à ma vitesse alors que normalement, lorsque je descends dans le Sud, je suis le plus souvent possible sur la troisième bande pour aller le plus vite possible. Au moins, cette fois, je n’ai pas perdu de points», plaisante Claudine.
Seulement 16 Superchargers ouverts aux non-Tesla
Après une nuit de repos et une recharge sur une prise de la maison d’hôte, Claudine et Alix repartent vers le Supercharger Tesla de Salaise-sur-Sanne. Cette fois-ci, 25 minutes suffisent (pour 100% d’autonomie et 8,84 euros), puis direction le parking Nîmotel, de Nîmes, et sa borne Tesla. Seul problème, le Supercharger en question n’est pas ouvert aux autres marques automobiles. «En France, il n’y a que 16 Supercharger ouverts aux non-Tesla. Cela m’apprendra à ne pas vérifier l’information sur l’application ABRP», avoue une Claudine qui n’a alors plus que 52km d’autonomie. «Il restait 231km à faire et il faisait 41°C», soupire-t-elle. «Je ne vais pas cacher qu’à cet instant, on en avait marre de la route!»

Des bornes Supercharger mises à disposition par Tesla en France. (Photo: Shutterstock)
Après une recherche rapide sur une application, direction un centre commercial à Nîmes Ouest qui dispose de bornes de recharge Allego. «Au final, on a branché la voiture et l’on s’est remonté le moral en allant faire un peu de shopping et profiter de la climatisation du centre commercial.»Temps de charge: 75 minutes pour 8,62 euros. Autonomie à 100%.
Nouvel arrêt de 40 minutes au Supercharger Tesla à Rivesaltes. Après avoir parcouru 195,4km et une autonomie restante de 31km (15% de la batterie). Légèrement trop peu pour faire les 37,7km pour arriver, enfin, à destination.
Total: 1.115,2km pour 66,42 euros
Pas mécontente de cette aventure, Claudine ne retentera cependant pas l’expérience l’année prochaine. Elle a toutefois réussi son défi tout en comprenant ce qu’implique de passer à une voiture électrique pour de longues distances. «Cela a été une chouette expérience. Et j’ai pu remarquer qu’il y avait aussi deux mondes dans l’électrique lorsqu’une automobiliste en Porsche m’a demandé si elle pouvait prendre ma place sous prétexte que ma petite Fiat 500 avait moins besoin d’électricité que son véhicule.»
Malgré les divers imprévus, Claudine ne regrette pas le moteur thermique tout en étant consciente que la Fiat 500 n’est pas taillée pour ce type de voyage. Qui se vit autrement. «Je ne sais pas si on peut dire que l’on perd du temps pendant les recharges, car on peut mettre celui-ci à profit pour faire du shopping, lire, etc.», termine Claudine qui estime que tout ou presque tient en une bonne planification. Arrivée avec sa fille à destination, elles vont pouvoir profiter du soleil du sud de la France.
Claudine et Alix auront parcouru 1.115,2 km en Fiat 500 électrique et effectué huit arrêts de recharge, pour un montant total de 66,42 euros tenant compte que deux recharges ont été gratuites.