Autre - Actualité

samedi 20.05.2017

Le Corbusier et Léger – Visions polychromes

Paperjam.lu

Exposition organisée par La Première Rue. Commissariat: Elia Biezunski et Anne Horvath.

C’est à Briey que Fernand Léger imagina le décor d’un Centre d’aviation populaire. Ce projet de démocratisation de l’aéronautique, interrompu par la guerre, trouve un écho tout particulier dans la passion de Le Corbusier pour ce qu’il nommait «les machines à voler».

En dialogue avec la rétrospective «Fernand Léger. Le beau est partout» au Centre Pompidou-Metz et dans le cadre des 40 ans du Centre Pompidou, l’exposition documentaire «Le Corbusier et Léger. Visions polychromes», présentée à la Cité radieuse, relie la pensée de l’architecte à celle du peintre, révélant ainsi une longue amitié marquée par une célébration commune de la couleur.

Fernand Léger, apprenti dès 16 ans dans un cabinet d’architecture, nourrit un intérêt précoce pour ce domaine. Convaincu de l’interdisciplinarité des arts, il milite en faveur d’une «entente à trois» entre le mur, l’architecte et le peintre. S’il ne collabore qu’à quelques reprises avec Le Corbusier, leurs échanges influencent de manière décisive le rôle qu’ils accordent à la polychromie dans leurs réalisations respectives.

«Comment créer un sentiment d’espace, de rupture des limites? Tout simplement par la couleur, par des murs de différentes couleurs. (...) La couleur est un puissant moyen d’action, elle peut détruire un mur, elle peut l’orner, elle peut le faire reculer ou avancer, elle crée ce nouvel espace», affirmait Fernand Léger en 1946. Animé d’un même désir pour la couleur, Le Corbusier déclarait à la fin des années 1930 à propos de la villa E.1027 d’Eileen Gray et Jean Badovici: «J’ai de plus en plus une furieuse envie de salir des murs: 10 compositions sont prêtes, de quoi tout barbouiller.»

À travers un riche ensemble de documents d’archives – revues, films, photographies, correspondance, etc. –, nombre de leurs projets liant architecture et peinture, parfois méconnus, sont mis en lumière. L’exposition s’ouvre également aux réflexions contemporaines portant sur la place de l’artiste et de la couleur dans la cité.

Le film «Dammi i colori», réalisé en 2003 par Anri Sala, entre fortement en résonnance avec les projets polychromes présentés dans l’exposition. Il offre un parcours critique à travers un Tirana multicolore, fruit du désir artistique et politique d’Edi Rama, artiste et ancien maire de la capitale albanaise, «de redonner un sens à la beauté, l’harmonie, au plaisir de vivre ensemble».

Deux propositions des étudiants de l’École supérieure d’art de Lorraine, dirigés par Agnès Geoffray et Marco Godinho, interagissent avec le parcours et réactivent les échanges et les idéaux de ces deux maîtres de la modernité.

Elia Biezunski et Anne Horvath

Partenariat Le Centre Pompidou-Metz, La Première Rue, et le Val de Briey