Le projet est à l’étude depuis 12 mois et c’est ce jeudi que , ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, a choisi d’annoncer la mise en place d’un plan national d’urban farming, quelques heures avant la conférence annuelle Living City consacrée à ce thème, ainsi qu’à la végétalisation des bâtiments.
«Le Luxembourg est le premier pays à se doter d’une politique de ce genre à l’échelle nationale», affirme Carole Dieschbourg. «Elle a pour objectif d’introduire la culture de fruits et légumes en ville sur des surfaces telles que des toitures ou entre les bâtiments, afin d’être au plus près des citoyens, de leur proposer une alimentation de qualité et de favoriser les circuits courts.»
Produire pour une consommation locale
«L’urban farming ne vise pas à remplacer l’agriculture traditionnelle, mais à en être complémentaire», rassure Carole Dieschbourg. Ce plan recouvre la production des végétaux, mais aussi leur transformation, la distribution, la formation. Il ne s’agit donc pas de produire en vue d’une exportation, mais bien de produire pour une consommation locale, favorisant ainsi les circuits courts.
«Tout ceci participe pleinement à l’économie circulaire et répond aux recommandations de l’étude Rifkin», complète , administrateur directeur général du Conseil pour le développement économique de la construction (CDEC), qui a piloté l’étude préalable à ce plan.
Et sur cette question des circuits courts, la population semble être prête puisque, selon un sondage TNS Ilres réalisé en juin 2018, 71% de la population affirme qu’elle est disposée à payer plus cher pour un produit local. Or, la production luxembourgeoise ne couvre que 3% des besoins en fruits et légumes, le reste étant importé en grande majorité de France et de Belgique, «qui, sauf si je ne me souviens plus de ma géographie, ont grosso modo les mêmes conditions climatiques que le Luxembourg», précise malicieusement Bruno Renders.
«L’urban farming se présente donc comme un secteur de niche qui peut contribuer à la diversification et au renforcement de l’agriculture luxembourgeoise», poursuit Carole Dieschbourg. Quatre zones urbaines ou périurbaines ont été définies pour mettre en place de l’urban farming: Luxembourg-ville, Bettembourg/Dudelange, Esch-Belval et Wiltz.
Des fruits et des légumes, mais pas seulement
Mais l’urban farming tel qu’il est envisagé par le gouvernement luxembourgeois ne doit pas uniquement servir à produire des aliments. Il peut aussi servir à cultiver des produits non alimentaires qui entrent dans la liste des produits biosourcés nécessaires à la construction. De plus, ces nouveaux espaces agricoles peuvent être multifonctionnels: «Les serres peuvent également contribuer à produire de l’énergie, purifier l’air, servir de tampon thermique ou encore être raccordées aux circuits des eaux usées», explique Bruno Renders.
«Elles peuvent être aussi envisagées comme une nouvelle rentabilité foncière pour des espaces sous exploités que sont les toitures ou les espaces entre les bâtiments. La place financière s’est aussi montrée intéressée par cette initiative, et nous avons bon espoir de travailler avec la finance verte sur des projets», déclare Bruno Renders.
Des impacts positifs multiples
L’urban farming, en plus de fournir à manger de façon résiliente à une population urbaine, a aussi des impacts sociaux, culturels, environnementaux et économiques. «Actuellement, il existe déjà des jardins communautaires, par exemple, qui fonctionnent très bien. Et il reste de nombreux espaces non affectés qui pourraient servir à l’urban farming», explique Carole Dieschbourg.
Ces espaces cultivés peuvent être envisagés comme de nouveaux espaces de vie dans les quartiers, des zones de rencontre et de partage. Ils peuvent être accompagnés d’un programme de formation, d’apprentissage, de réinsertion professionnelle.
Pour cela, le comité de pilotage a travaillé avec l’Administration du cadastre et de la topographie pour créer un smart mapping aidant à la prise de décision. Parmi les autres outils produits, on trouve des fiches techniques et des recommandations qui permettent de trouver des solutions à court, moyen et long termes.
«Ces espaces cultivés peuvent être envisagés comme de nouveaux espaces de vie dans les quartiers, des zones de rencontre et de partage. Ils peuvent être accompagnés d’un programme de formation, d’apprentissage, de réinsertion professionnelle. De nouveaux emplois peuvent être créés. Ce sont des projets qui impliquent une multitude d’acteurs, de secteurs et de disciplines», confirme Carole Dieschbourg. «Dans cette perspective, les communes auront un rôle essentiel à jouer.»
Reste maintenant à adapter la législation pour rendre possible cette politique, qui doit permettre de renforcer les capacités de résilience, tout comme de participer positivement au changement climatique et à la protection de l’environnement.