Réquisitionné par les urgences de la crise sanitaire, le ministre de l’Économie Franz Fayot (LSAP), avec «Ons Wirtschaft vu muer», prend la «taille patron» et offre sa vision prospective de l’économie luxembourgeoise. (Photo: Romain Gamba/Archives Maison Moderne)

Réquisitionné par les urgences de la crise sanitaire, le ministre de l’Économie Franz Fayot (LSAP), avec «Ons Wirtschaft vu muer», prend la «taille patron» et offre sa vision prospective de l’économie luxembourgeoise. (Photo: Romain Gamba/Archives Maison Moderne)

Le ministre de l’Économie, Franz Fayot, a dévoilé ce lundi la feuille de route «Ons Wirtschaft vu muer» (Notre économie pour demain). Elle s’articule autour de six composantes-clés et plusieurs projets pilotes à court et moyen terme.

Hasard ou non… C’est dans la salle du ministère de l’Économie où Etienne Schneider avait annoncé son départ que son successeur, (LSAP), a présenté ce lundi la feuille de route «Ons Wirtschaft vu muer» (Notre économie pour demain). Un moment qui voit l’ancien président du parti socialiste s’affirmer en «taille patron», pour défendre sa vision personnelle des choses (mais approuvée évidemment en conseil de gouvernement), réfléchie et élaborée avec le soin que peut apporter l’avocat qu’il est à une entreprise du genre, avec l’aide de nombreux hauts fonctionnaires.


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Depuis sa prise de fonction, il avait en effet été  pour faire face aux affres de la crise sanitaire, mettre l’économie nationale à l’abri, soutenir ses composantes autant que nécessaire… L’amélioration des derniers mois, une chute du PIB moins importante que prévu et un rebond de l’économie lui ont permis de s’affirmer maintenant en élaborant «une stratégie pour demain, après-demain, et les 20 années à venir».

En ordre de bataille à l’horizon 2025

Cette feuille de route «propose donc une vision et une voie à suivre, à travers la mise en place d’une série d’actions concrètes à court et moyen terme», explique le ministre. Pour qu’en 2025, l’économie luxembourgeoise soit en ordre de bataille «pour faire face aux défis futurs».

Paperjam reviendra au cours des prochains jours sur les détails des composantes de cette feuille de route.

Son élaboration aura été, en tout cas, un redoutable exercice de funambule. Il a en effet fallu tenir compte de la crise sanitaire, de son impact, mais aussi du fait qu’elle a mis en lumière des mesures, aides et modes de fonctionnement efficaces pour certains, inefficaces ou obsolètes pour d’autres. Tenir compte du contexte européen était aussi nécessaire, le projet luxembourgeois devant être en phase avec la Feuille de route pour la relance approuvée par le Conseil européen en avril 2020. Atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 et avoir le leadership mondial au niveau de la révolution numérique sont deux objectifs européens que le Luxembourg ne pouvait ignorer. De même en ce qui concerne les perspectives des mégatendances mondiales actuelles.

Mais cela n’empêche pas de nourrir des ambitions élevées. La feuille de route repose sur une vision de l’économie luxembourgeoise durable et compétitive; leader en matière de numérisation des secteurs stratégiques, mais aussi de recours aux solutions numériques pour une transition vers une économie résiliente et circulaire; leader européen en matière de sécurité et de transformation de l’économie dans le domaine des données. Il s’agira aussi de devenir un pôle logistique de premier plan intégré dans les chaînes mondiales, un acteur majeur du développement des chaînes de valeur stratégiques résilientes et sobres en carbone, et d’être le premier État membre de l’UE à atteindre les deux objectifs évoqués plus haut: neutralité climatique et leadership mondial dans la révolution numérique. 

Les six composantes-clés sont:

- accélérer la numérisation au profit de la société;

- mener la transition vers l’économie circulaire par le numérique;

- développer des chaînes de valeur stratégiques résilientes et durables;

- permettre une transition sûre et fiable de l’économie des données;

- assurer une transition numérique économe en énergie et durable;

- garantir une stratégie d’investissement durable cohérente et des instruments permettant d’atteindre une durabilité tout en restant compétitif.

Quels sont les moyens affectés à ces ambitions? «Il n’y a pas d’enveloppe définie. Chaque projet pourra trouver une place dans les budgets en fonction de son état de maturité», explique le ministre.

En outre, six actions pilotes concrètes et exploitables à court terme ont été identifiées. Le but? Fournir un stimulant immédiat à la fois à l’économie axée sur les données et aux secteurs émergents de l’économie circulaire.

Les six projets pilotes sont:

- la mise en place d’une plateforme luxembourgeoise de services d’échange de données;

- le développement de zones d’activité intelligentes;

- la concrétisation d’une Product Circularity Data Sheet, pour établir une norme internationale officielle en matière de communication des données relatives aux propriétés d’économie circulaire des produits.

- la mise en place d’une chaîne de valeur stratégique régionale dans le diagnostic médical;

- l’augmentation du niveau d’appréciation des critères de durabilité et d’équité des produits, ce qui passera par le développement de systèmes d’opération d’approvisionnement agiles;

- la création, avec le secteur privé, d’un open cloud luxembourgeois, évidemment compatible avec l’initiative Gaia-X et l’initiative européenne de cloud.

Cinq autres projets pilotes ont aussi été lancés, avec impact à moyen terme. On y retrouve, par exemple, le souhait de développer un European Digital Innovation Hub ou le soutien à la participation de l’industrie luxembourgeoise et des pouvoirs publics aux initiatives de cloud européen et de cybersécurité du programme Europe numérique.