Le Français Thomas Pesquet a beaucoup fait parler de lui depuis son recrutement, lors de la dernière campagne, en 2009. Depuis, il a effectué 200 jours de missions. (Photo: Nasa)

Le Français Thomas Pesquet a beaucoup fait parler de lui depuis son recrutement, lors de la dernière campagne, en 2009. Depuis, il a effectué 200 jours de missions. (Photo: Nasa)

L’Agence spatiale européenne a lancé une campagne inédite de recrutement de quatre à six astronautes.

«On ne cherche pas de superhéros ni de gens parfaits!» Au diable l’image de l’astronaute pilote d’essai militaire au physique parfait et au sourire «ultrabright»: pour la première femme astronaute européenne, Claudie Haigneré, le candidat «idéal» doit «avoir un rêve, un désir, une passion pour l’espace, parce qu’il s’agira d’être persévérant».

Et remplir toute une série de critères fixés dans la première campagne de recrutement de ce type pour l’Agence spatiale européenne, qui s’est ouverte dans la nuit de mardi à mercredi et se terminera le 28 mai. Il – ou elle, parce que l’ESA espère que de nombreuses femmes seront candidates – doit avoir au moins un master en sciences naturelles, en médecine, en mathématiques, en computer science ou être ingénieur. Il doit être citoyen d’un État membre de l’ESA, parler anglais couramment et être prêt à apprendre le russe, être motivé et flexible, garder son calme sous la pression et avoir au moins trois ans d’expérience professionnelle.

Ce que font les astronautes dans l’espace. (Source: ESA)

Ce que font les astronautes dans l’espace. (Source: ESA)

«Je me souviens avoir vu une annonce dans un couloir de l’hôpital dans lequel je travaillais», se souvient Mme Haigneré. «J’avais grandi avec les images des premiers hommes sur la Lune. C’était une opportunité, ils recrutaient des chercheurs de tout type, alors je me suis dit ‘pourquoi pas moi?’. Au-delà de remplir mon dossier, j’avais ajouté un programme de travail sur la microgravité, sur laquelle je travaillais déjà.»

Les «parastronautes» bienvenus

Sélectionnée en 1985, la Française commence le 17 août 1996 un vol de 16 jours à bord de la station orbitale russe Mir dans le cadre de la mission franco-russe Cassiopée pour effectuer de nombreuses expériences médico-physiologiques, techniques et biologiques. En novembre 1999, elle rejoint le corps des astronautes de l’ESA à Cologne, et en janvier 2001, elle est la première à embarquer pour la Station spatiale internationale.

«La génération qui vient va pouvoir rêver d’aller sur la Lune, d’ici une dizaine d’années», a-t-elle commenté, au soir du lancement de la campagne de recrutement de l’ESA. La dernière, en 2009, avait suscité 8.413 vocations, dont 15% de femmes.

Celle-ci, très attendue, devrait générer encore plus de candidatures à la faveur d’un engouement sans précédent pour l’espace depuis la fin de la Guerre froide… et parce qu’elle est beaucoup plus inclusive. Les femmes sont fermement invitées à postuler, à croire en leurs chances, alors qu’elles ne sont que 64 astronautes sur 578 dans le monde. Tout comme les personnes qui souffriraient de certains handicaps (prothèse à une jambe ou différence de taille entre les deux jambes) ou les personnes de petite taille.

Les principaux lieux d’entraînement des astronautes dans le monde. (Source: ESA)

Les principaux lieux d’entraînement des astronautes dans le monde. (Source: ESA)

«Nous accordons une grande importance au fait de représenter toutes les composantes de notre société», déclare David Parker, directeur du Programme de vols habités et d’exploration robotique de l’ESA, . «L’ESA ne souhaite pas considérer la diversité uniquement du point de vue de la nationalité, de l’âge, du milieu social ou du genre des astronautes, mais aussi du point de vue du handicap physique. J’ai décidé, afin que ce rêve devienne une réalité, de lancer, en parallèle du recrutement des astronautes, ce projet de faisabilité des parastronautes, une idée novatrice qu’il était temps de concrétiser.»

Jusqu’à juin, les dossiers seront passés au peigne fin, avant des tests psychologiques jusqu’en novembre, des tests psychomoteurs et physiques jusqu’à avril 2022, une sélection médicale jusqu’en août 2022, et deux tours d’interviews avant les nominations en octobre 2022, probablement plus pour quatre que pour six astronautes. Probablement la dernière génération d’astronautes «d’État» avant que le new space ne commence à recruter ses propres futures stars de la conquête spatiale.

Y aura-t-il un candidat luxembourgeois et jusqu’où ira-t-il dans ce long et rigoureux processus de sélection? Mystère, mais .