Après de nombreux changements et remises en question du projet, le bâtiment des Archives nationales va enfin pouvoir être construit par Paul Bretz Architectes à Belval, juste en face de la tour administrative, à la place du parking existant. «Un besoin qui existe depuis très longtemps et qui va enfin pouvoir être comblé», a souligné (Déi Gréng), ministre de la Culture, qui préfère désormais regarder plutôt devant que derrière en ce qui concerne ce dossier et la construction de ce bâtiment de 16.000m² nets, qui devrait pouvoir débuter au second semestre 2021.
Près de 20 ans de discussions
Le projet de construction des nouvelles Archives nationales remonte en effet à plusieurs années. En 2003 déjà, un concours d’architecture avait été organisé et remporté par Paul Bretz Architectes. Projet qui n’a jamais vu le jour puisque dès 2004, il a été décidé de revoir le projet et de construire un bâtiment en plusieurs phases, projet qui a été finalisé en 2009, avant que ne soit décidé que la construction serait reportée à après 2014.
C’est en mai 2016 que le gouvernement avait décidé d’entamer les travaux préparatoires pour un nouveau bâtiment, dont l’APS a été finalisé le 15 mai 2018 et l’APD le 10 octobre 2019. Enfin, depuis le 6 mars dernier, le conseil de gouvernement a donné son approbation au projet de loi concernant la construction d’un nouvel immeuble pour un budget estimatif d’un peu plus de 77 millions d’euros.
Des conditions actuelles inappropriées
Actuellement, les Archives nationales sont dans une situation critique: les conditions de travail sont très difficiles, les archivistes n’ayant pas la place de travailler correctement, les conditions de stockage ne répondent pas aux normes internationales, les mesures contre l’incendie ou des inondations sont insuffisantes et le travail de compartimentage des archives est inexistant ou non adéquat.
De plus, les services et dépôts sont à ce jour éclatés sur cinq différents sites: le bâtiment central du Saint-Esprit (qui est occupé depuis 1968), le dépôt dans le parking du Saint-Esprit (depuis 2005), le dépôt Bourmicht et le Centre Hermès à Bertrange (depuis 2014) et un nouveau dépôt dans l’Athénée (depuis 2018). Cette dissémination géographique ne facilite en aucun cas le travail des équipes. Par ailleurs, le public et les chercheurs ne peuvent pas être accueillis dans de bonnes conditions, freinant considérablement le travail de recherche pouvant être effectué.
Un nouveau bâtiment adapté aux besoins
Le nouveau bâtiment conçu par Paul Bretz Architectes permettra de répondre à l’ensemble des besoins exprimés et le choix du site de Belval devrait permettre de créer des synergies avec l’Université du Luxembourg et les différents centres de recherche qui se trouvent sur le site de la Cité des Sciences. Par ailleurs, cette nouvelle implantation viendra renforcer les efforts du gouvernement pour décentraliser les administrations et institutions publiques sur le territoire national.
Trois volumes sur un socle commun
Le nouveau bâtiment sera réalisé en trois volumes reposant sur un socle commun. Le premier est un bâtiment aveugle construit en béton qui abritera les réserves. Un second bâtiment servira de zone tampon et sera la partie publique de la construction. Le dernier bloc, construit sur une ossature en bois, sera réservé à l’administration.
Au total, les nouvelles Archives nationales disposeront d’une capacité de stockage de 105km linéaires, contre 60km actuellement sur les cinq sites cumulés, couvrant ainsi les besoins pour 25 à 30 ans à venir. Naturellement, toutes les conditions de stockage et de traitement des documents répondront aux normes et conditions internationales (température de 18°C avec un taux d’humidité relative de 45-55%, dépôts compartimentés et protégés contre les incendies et les inondations, accès sécurisés et contrôlés…).
Le public bénéficiera d’une zone d’accueil digne de ce nom, avec des salles de lecture (48 places contre 16 actuellement), des salles multimédias, des cabinets de recherches individuelles et pour groupes, des salles pédagogiques et d’exposition, des espaces multifonctionnels pour y organiser des manifestations et sensibiliser les publics. «Le volet pédagogique est très important et la sensibilisation du public à ce que représentent nos archives nationales doit être plus accrue», a affirmé Sam Tanson. «Pour cela, il doit être possible d’organiser des expositions dans de bonnes conditions et le public doit pouvoir avoir accès plus facilement aux archives conservées.»
La partie administrative est prévue pour 75 personnes, «ce qui nous permettra de recruter dans les années à venir», a annoncé Josée Kirps, directrice des Archives nationales. Elle disposera aussi d’une zone logistique pour le conditionnement et le traitement des documents entrants.
Une architecture durable
La volonté du gouvernement est de construire des bâtiments exemplaires au niveau de leur durabilité et de leur efficience énergétique. Le bâtiment des nouvelles Archives nationales répondra à cette intention. «Le Fonds Belval a pour mission de construire des bâtiments fonctionnels, durables et qui apportent satisfaction aux utilisateurs», a précisé Luc Dhamen, directeur du Fonds Belval. «De plus, les archives nationales seront abritées dans un bâtiment de grande qualité architecturale, simple, sobre et parfaitement intégré au tissu urbain.»
Par ailleurs, le bâtiment sera remarquable d’un point de vue énergétique puisqu’il est prévu que ce soit un bâtiment à énergie positive. Pour cela, les façades du volume aveugle protégeant les dépôts seront recouvertes de 5.700m² de panneaux photovoltaïques, un puits canadien permettra de préchauffer/rafraîchir l’air, et la géothermie sera utilisée pour couvrir les besoins calorifiques du bâtiment.
Les travaux sont estimés à environ 36 mois, ce qui laisse présager, si tout se passe bien, une livraison en 2025.